Apple a étudié le cryptage de bout en bout dans les sauvegardes iCloud, mais a abandonné après avoir entendu des représentants du FBI. Selon l’agence de sécurité américaine, la décision pourrait affecter les enquêtes, qui n’auraient plus accès aux dossiers d’enquête.
L’information provient de Reuters, qui a entendu six sources anonymes, dont des employés et anciens employés d’Apple et du FBI. La consultation aurait eu lieu en 2017 pour tenter de ne pas perturber les services de renseignement américains.
Les rapports indiquent que la société a informé l’agence gouvernementale qu’elle avait l’intention d’offrir un cryptage de bout en bout pour empêcher les pirates de prendre des mesures. La société a souligné que cette action l’empêcherait d’accéder aux dossiers des personnes faisant l’objet d’une enquête.
Le FBI, par l’intermédiaire de l’équipe de lutte contre la cybercriminalité, s’est opposé à ce plan car il croyait qu’il mettrait fin à l’un des moyens les plus efficaces d’obtenir des informations des suspects. Après la conversation, Apple a informé la dizaine de personnes qui participaient au projet qu’il serait suspendu.
“La loi l’a annulé, pour des raisons que vous pouvez imaginer”, aurait entendu un ancien employé d’Apple. Il n’y a pas eu de mention explicite de la raison de l’annulation ou de l’éventuelle implication du FBI dans la décision.
Cependant, l’ancien employé affirme que l’entreprise ne voulait pas être attaquée ou poursuivie par les agences gouvernementales. Quelques mois auparavant, la société avait engagé un litige dans lequel le FBI avait demandé le déblocage de l’iPhone du tireur à San Bernardino, en Californie.
Un autre employé d’Apple déclare que le plan peut avoir été annulé pour d’autres raisons, comme le risque que les utilisateurs perdent l’accès aux fichiers après avoir oublié leur mot de passe. Cette décision a néanmoins aidé le FBI.
Les organismes d’enquête sont pris en charge dans environ 90 % des demandes de collecte de données de suspects dans iCloud. Au cours du second semestre 2018, 14 000 comptes ont été consultés. Au premier semestre 2019, ils étaient 6 000. Et au second semestre 2019, le nombre n’a pas été divulgué par décision de justice.
La consultation du FBI attire encore plus l’attention sur les récentes critiques du gouvernement américain à l’égard d’Apple. Le procureur général des États-Unis, William Barr, s’est plaint du manque d'”aide substantielle” pour débloquer deux iPhones utilisés par le tireur qui a fait trois morts sur la base navale de Pensacola en Floride.
Le président américain Donald Trump est allé sur Twitter pour protester contre Apple. Selon lui, malgré l’aide du gouvernement sur le marché, la société refuse de débloquer les téléphones portables des “meurtriers, des trafiquants de drogue et d’autres éléments criminels violents”.