Nous entrons dans cette étape intéressante de la naissance d’une nouvelle génération de consoles. Non, bien sûr que je ne parle pas des consoles “de table” ? même si la Wii U a été présentée à l’E3 la semaine dernière, elle est encore loin d’arriver dans nos salles (quand ni la date de lancement ni le prix ne sont annoncés, vous pouvez être sûr que l’accord prendra encore du temps à sortir).
De plus, il est évident que la mission de Sony et de Microsoft avec leurs périphériques de détection de mouvement est de prolonger la durée de vie de leurs consoles en les proposant comme alternative aux joueurs occasionnels. Il est impossible de prédire si la stratégie fonctionnera comme prévu ; je suis un peu sceptique, mais il semble que nous ne verrons pas de successeur à la Xbox 360 ou à la PS3 avant quelques années encore.
Mais la façade portable entre déjà dans la prochaine génération. Après tant de remaniements de la génération actuelle d’ordinateurs portables, Nintendo et Sony ont finalement décidé de faire avancer la technologie. Avec Nintendo, nous avons la 3DS ; avec Sony, le nouveau PS Vita.
Et je pense que ce sera la bataille pour la console la plus intéressante et la plus imprévisible de ces dernières générations, en grande partie parce que le statu quo des jeux vidéo portables a considérablement changé ces dernières années.
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Historiquement, Nintendo a toujours dominé le marché des ordinateurs de poche. Le Game Boy original s’est vendu à près de 120 millions d’unités dans le monde et est devenu essentiellement un symbole des années 1980. Et n’oublions pas que ce n’était pas le premier film de poche de Nintendo ; avant le Game Boy, sa série Game and Watch dominait également l’intérêt du public.
La tradition est maintenue depuis plusieurs générations. Tout comme le Game Boy bien des années auparavant, le Game Boy Advance et la DS ont également mené la catégorie avec un large avantage sur la concurrence (qui, jusqu’à l’avènement de la PSP, était représentée par des jeux vidéo totalement obscurs). Et même le géant Sony n’a pas pu prendre le trône de Nintendo en tant que leader absolu sur le marché des consoles portables. Et ils ont essayé très fort.
Nous approchons de la fin du cycle de vie des deux consoles, la DS atteignant 146 millions d’unités vendues dans le monde ? soit plus du double des 67 millions de PSP vendues. Si l’on considère que les deux consoles ont été mises sur le marché plus ou moins en même temps (au Japon, la différence était d’un mois ; aux États-Unis, de quatre), la disparité est énorme.
Sans parler de la différence pratiquement humiliante entre les jeux vendus : 839 millions pour la DS, un contraste énorme par rapport aux humbles 251 millions sur la PSP. Les analystes de jeux vidéo appellent ce ratio (jeux vendus pour chaque plateforme) “attach rate”. Le taux de saisie de la PSP était de 3,74 (en moyenne, un propriétaire de PSP a acheté moins de quatre jeux). Le ratio DS est de 5,74, ce qui est considérablement plus élevé si l’on tient compte du volume que cela signifie.
En fin de compte, la situation de la PSP s’est transformée en une boucle de rétroaction négative : la console vend peu de jeux, ce qui désintéresse les développeurs, ce qui se traduit par une diminution du nombre de jeux pour la plateforme. Et moins de jeux produits signifie moins de jeux vendus. C’est un cercle vicieux qui a sans aucun doute contribué à faire de la PSP la lanterne éternelle de cette génération.
Cela fait évidemment partie du passé. Bien que l’héritage de Nintendo soit la domination totale du podium portable, dans cette génération, les débuts ont été quelque peu décevants. La 3DS s’est vendue beaucoup moins que prévu, comme l’a dû l’admettre le président de Nintendo, Satoru Iwata. Avec une durée de vie de la batterie qui laisse à désirer (le plus grand nombre d’analyses rapporté était quatre heures et demie de jeu) et un prix salé, il n’est pas si surprenant que l’adhésion au 3DS ait été lente.
Et surtout, le fleuron de la console – l’effet tridimensionnel qui ne nécessite pas de lunettes spéciales – est totalement dispensable, de nombreuses critiques allant jusqu’à dire que l’option de désactiver l’effet 3D est la meilleure de toute la console. Lorsque l’attrait principal d’un produit (c’est-à-dire la caractéristique qui est suffisamment importante pour être rattachée au nom de l’appareil lui-même) est considéré comme redondant et parfois même ennuyeux, il y a un problème grave.
Avec autant de défauts, 3DS ne convainc pas le public et fait passer PS Vita pour une meilleure alternative avant même sa sortie.
Un autre facteur qui peut expliquer ce renversement de valeurs est que le public qui consomme des jeux portables a beaucoup changé ces dernières années. La popularisation des smartphones et des boutiques en ligne (que ce soit l’App Store ou l’Android Market) a mis les jeux dans les poches du monde entier. Je suis hyperbolique, oui, mais les chiffres ne mentent pas : les mini-jeux à 99 cents ont définitivement volé une partie du “tonnerre”, pour ainsi dire, des consoles portables traditionnelles.
Et c’est peut-être la raison de l’échec initial apparent du 3DS. La Nintendo DS dominait l’écosystème de son époque car les consommateurs n’avaient pas d’alternative moins chère ou plus pratique au type de jeu plus décontracté qui a toujours été le fleuron de la plateforme. Aujourd’hui, une part considérable du public cible de la Nintendo DS dispose d’un iPhone ou d’un iPod Touch avec un système d’achat de jeux qui ne nécessite qu’une simple pression sur un bouton virtuel.
Il est possible que le public ait décidé qu’il n’a besoin que d’une console occasionnelle dans sa poche ? inévitablement, il choisira ce qui est le moins cher et le plus pratique. Et peu de choses sont aussi bon marché et pratiques que 99 cents de jeux qui peuvent être achetés par l’appareil lui-même en un seul clic.
Il y aura toujours, comme toujours, des joueurs qui ne se satisfont pas des jeux occasionnels en appuyant sur des boutons sur l’écran LCD. Et dans ce créneau plus exigeant, je pense que PS Vita offrira une option plus robuste que 3DS car la plupart des utilisateurs ne verront la 3D que dans le nom lui-même.
Comme je l’ai dit au début, ce sera une compétition plus intéressante que l’hégémonie historique de Nintendo dans la poche des joueurs. Voir une console portable de Sony au sommet des ventes alors que les chiffres de Nintendo diminuent amèrement serait une rupture de paradigme presque inacceptable.
Mais on ne pensait pas non plus voir Mario et Sonic dans le même jeu, non ? Le temps nous le dira.
